Chaque jour, sans même y penser, nous utilisons des services numériques hébergés à des milliers de kilomètres, souvent aux États-Unis. Qu’il s’agisse de messageries, d’outils bureautiques ou de solutions cloud, notre dépendance technologique vis-à-vis des géants américains – les fameux GAFAM – est massive. Mais à quel prix pour l’Europe ? Et surtout, avons-nous encore le choix ?
💶 Un coût économique et stratégique colossal
D’après une étude du cabinet Asterès réalisée pour le Cigref, cette dépendance coûterait chaque année près de 264 milliards d’euros à l’Europe. Si l’Union européenne parvenait à rapatrier seulement 15 % des services cloud aujourd’hui externalisés vers les États-Unis, ce serait l’équivalent de 463 000 emplois supplémentaires dans l’UE d’ici 2035.
Derrière ces chiffres se cache une réalité plus large : les bénéfices économiques et stratégiques liés à l’usage massif des services numériques profitent aux États-Unis bien plus qu’à l’Europe.
🔐 Un constat connu, mais toujours préoccupant
Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), instauré en 2016, a tenté de poser les bases d’une souveraineté numérique européenne. Pourtant, des lois américaines comme le Cloud Act ou le FISA 702 continuent d’autoriser les autorités américaines à accéder aux données hébergées par des entreprises sous juridiction américaine, même si ces données concernent des citoyens européens.
Autrement dit, héberger nos données dans des solutions américaines signifie souvent perdre le contrôle juridique sur leur confidentialité.
☁️ Le cloud, un angle mort stratégique
Aujourd’hui, une grande partie des outils numériques utilisés en Europe – notamment en entreprise – reposent sur des solutions venues d’outre-Atlantique. En 2023, par exemple, Office 365 était utilisé par 79 % des entreprises françaises. Microsoft Azure, Google Workspace ou AWS sont tout aussi présents.
Si ces outils sont plébiscités pour leur efficacité et leur intégration, ils posent un vrai problème en termes de souveraineté. Plus cette dépendance s’ancre, plus il devient difficile d’en sortir, tant les usages sont enracinés.
🌍 Une « dégafamisation » en marche ?
Face à cette situation, des signaux encourageants apparaissent. De plus en plus d’acteurs publics et privés cherchent à diversifier leurs outils et à se tourner vers des solutions alternatives européennes :
- OVHcloud pour l’hébergement,
- ProtonMail ou Tutanota pour les emails sécurisés,
- Nextcloud pour le travail collaboratif.
Cette réorientation vise à retrouver une forme de contrôle, mais aussi à renforcer une filière numérique locale capable de rivaliser sur la qualité, la sécurité et l’éthique des données.
🤔 Quelle voie pour demain ?
La vraie question n’est pas seulement technologique. Elle est politique, économique et sociétale :
Souhaitons-nous reprendre la main sur nos données, sur notre avenir numérique ?
Il ne s’agit pas de rejeter les technologies étrangères, mais de mieux équilibrer nos choix.
Retrouver une autonomie numérique n’est pas un luxe, mais une nécessité stratégique pour l’Europe.