Dr. Dolittle à l’Ère Numérique : L’IA Peut-elle Enfin Nous Apprendre à Parler AVEC les Animaux?

L’idée de converser avec les animaux, de comprendre leurs pensées et leurs émotions, captive l’imagination humaine depuis des siècles. Du mythique Dr. Dolittle aux murmures que nous adressons à nos compagnons à quatre pattes, le désir de franchir la barrière des espèces est profondément ancré en nous. Aujourd’hui, ce rêve ancestral rencontre une technologie de pointe : l’intelligence artificielle (IA). Loin d’être un simple mot à la mode, l’IA est devenue une boîte à outils révolutionnaire entre les mains des scientifiques, leur permettant de commencer à déchiffrer les communications complexes du règne animal. Cet article se propose d’explorer les toutes dernières avancées, notamment celles qui ont marqué la fin de 2024 et le début de 2025, et de sonder ce qu’elles signifient pour la science, la conservation et notre relation avec la nature. Préparez-vous à être surpris, car des découvertes récentes – comme la mise au jour d’« alphabets » dans les chants des baleines ou de « noms » utilisés par les éléphants – repoussent les limites de ce que nous pensions possible.

Nous assistons à une convergence fascinante : la puissance de calcul accrue, des algorithmes d’IA de plus en plus sophistiqués (en particulier l’apprentissage profond et les grands modèles de langage ou LLM), et des outils de collecte de données plus accessibles créent une sorte de « tempête parfaite » propice aux découvertes dans ce domaine. Ce n’est pas un seul facteur, mais une synergie de maturité technologique dans plusieurs domaines qui accélère les progrès de manière exponentielle. Parallèlement, un changement palpable dans l’optimisme scientifique est perceptible. D’une exploration prudente, la communauté scientifique s’oriente désormais avec plus d’assurance vers la « traduction », voire la « communication interespèces », galvanisée par les succès récents.

À l’Écoute : Comment l’IA Devient le Murmureur Animal Ultime

Pour comprendre comment l’IA nous aide à écouter le monde animal, il faut d’abord se familiariser avec la « bioacoustique ». En termes simples, c’est la science qui étudie comment les animaux produisent, transmettent et reçoivent les sons, et ce que ces sons nous apprennent sur eux et leur environnement. L’IA, et plus particulièrement l’apprentissage automatique (machine learning), agit comme un détecteur de motifs surpuissant. Elle peut passer au crible des milliers d’heures d’enregistrements sonores animaliers – une tâche bien au-delà des capacités humaines – pour y déceler des structures subtiles, des répétitions et des variations.

Au cœur de cette révolution se trouvent les grands modèles de langage (LLM), ces mêmes algorithmes qui alimentent des outils comme ChatGPT pour le langage humain. Ils sont désormais adaptés pour analyser les « langages » animaux. Ces modèles apprennent la « grammaire » et le « vocabulaire » de la communication animale en traitant d’immenses ensembles de données audio. L’application des LLM à la bioacoustique représente un changement de paradigme : on passe de l’analyse d’appels isolés à la compréhension de séquences et de relations contextuelles, un peu comme les LLM comprennent les phrases et les paragraphes humains. Cela permet d’examiner le « flux conversationnel » ou la « syntaxe » dans la communication animale, un niveau d’analyse bien plus profond.

La création de modèles d’IA spécifiquement conçus pour la bioacoustique, comme NatureLM-audio, plutôt que la simple réutilisation de modèles audio généraux, témoigne de la maturation et de la spécialisation de ce sous-domaine de l’IA. Cela signifie une reconnaissance que les vocalisations animales possèdent des caractéristiques uniques nécessitant des architectures et des ensembles de données d’entraînement sur mesure, conduisant à des résultats plus précis et nuancés. Un défi majeur n’est pas seulement la collecte de données, mais de données annotées. L’IA peut aider à accélérer cette annotation, créant une boucle de rétroaction positive où plus de données mènent à de meilleurs modèles, qui à leur tour peuvent aider à traiter et étiqueter encore plus de données.1

Conversations Révolutionnaires : Ce que Nous Apprenons du Règne Animal (Focus sur l’actualité 2024-2025)

Les récentes découvertes sont tout simplement stupéfiantes et ouvrent des fenêtres inédites sur la complexité des sociétés animales.

A. Les Géants des Océans Parlent : Décryptage du Code des Baleines et des Dauphins

Le monde marin, avec ses mystères acoustiques, est l’un des principaux théâtres de ces avancées.

Le Project CETI (Cetacean Translation Initiative) a fait une annonce retentissante en mai 2024 : la proposition d’un « alphabet phonétique du cachalot ». Cela signifie que les chercheurs ont identifié des éléments récurrents et structurés dans les séquences de clics des cachalots (appelées codas) qui pourraient fonctionner comme des lettres ou des unités phonétiques dans le langage humain. Des découvertes ultérieures, notamment en avril 2025, ont même suggéré l’existence de caractéristiques semblables à des « voyelles » dans leurs communications. La méthodologie de CETI est impressionnante : elle combine l’apprentissage automatique avancé, une intelligence artificielle de pointe, un vaste réseau de microphones sous-marins, des drones et des balises robotisées non invasives pour collecter d’énormes quantités de données acoustiques et comportementales auprès des cachalots en Dominique.1 La découverte d’un « alphabet phonétique » chez les cachalots, si elle est validée et étendue, est une étape monumentale. Elle implique un système de communication combinatoire, où un ensemble fini d’unités de base peut être combiné pour créer un grand nombre d’énoncés significatifs – une caractéristique clé du langage humain.

De son côté, Google a dévoilé en avril 2025 DolphinGemma, un modèle d’IA entraîné sur 40 ans de données collectées par le Wild Dolphin Project pour comprendre les vocalisations des dauphins tachetés de l’Atlantique. Ce modèle identifie des motifs et prédit les sons suivants dans une séquence, à l’instar des LLM humains. Une innovation notable est la possibilité d’effectuer des analyses directement sur le terrain grâce à des téléphones Pixel. Le projet inclut également le développement du dispositif CHAT (Cetacean Hearing Augmentation Telemetry), qui vise à établir un vocabulaire de base partagé en apprenant aux dauphins à imiter des sons générés par l’IA pour désigner des objets. L’utilisation de jeux de données longitudinaux et multigénérationnels, comme les 40 années de données du Wild Dolphin Project pour DolphinGemma, s’avère inestimable. La capacité de l’IA à traiter de telles données peut révéler des informations sur la transmission culturelle de la communication, l’évolution des dialectes et les signatures vocales individuelles, impossibles à discerner auparavant. De plus, l’ambition évolue de l’écoute passive vers l’interaction active, comme en témoigne le dispositif CHAT. Cette approche expérimentale est cruciale pour valider les interprétations de l’IA et explorer les capacités cognitives de ces animaux.

B. L’Éléphant dans la Pièce… A-t-il un Nom?

Sur la terre ferme, les découvertes sont tout aussi fascinantes. Les recherches de Michael Pardo, mises en lumière dans un article du Courrier de l’UNESCO en avril 2025 et basées sur des travaux de terrain menés en 2023-2024, ont montré grâce à l’apprentissage automatique que les éléphants d’Afrique utilisent des vocalisations spécifiques, semblables à des « noms », pour s’adresser à des individus distincts.2 En enregistrant leurs appels, les chercheurs ont constaté que les vocalisations étaient acoustiquement différentes selon l’individu auquel elles étaient destinées. Des expériences de rediffusion ont confirmé ces observations : les éléphants réagissaient davantage aux appels qui leur étaient initialement adressés.2 La découverte de « noms » chez une espèce aussi socialement complexe que l’éléphant a des implications profondes pour la compréhension de leurs structures sociales, de leurs relations individuelles et de leurs capacités cognitives. Le fait que ces appels nominatifs soient appris est particulièrement significatif, suggérant une transmission culturelle des signaux de communication plutôt que des appels purement innés, ajoutant une couche de complexité comparable aux conventions humaines de dénomination.

C. Une Symphonie de Données : L’IA Décode le Chant des Oiseaux et les Appels des Primates

Le monde aviaire et celui des primates ne sont pas en reste. Une étude de l’Université d’Oxford, publiée en mars 2025, a utilisé l’IA pour analyser les chants des mésanges charbonnières dans les bois de Wytham. L’IA a pu identifier des oiseaux individuellement par leurs chants et suivre l’évolution de ces chants en fonction de l’âge, des déplacements et du renouvellement de la population. Parmi les principales conclusions : les oiseaux plus âgés agissent comme des dépositaires de chants anciens, les communautés d’âges mixtes présentent une plus grande diversité de chants, les déplacements homogénéisent la culture du chant, tandis que les oiseaux moins mobiles créent des « poches de chants » uniques. L’analyse par IA du chant des oiseaux révèle une « évolution culturelle » dans la communication animale à un niveau micro, montrant comment les traditions (chants) sont transmises, modifiées ou disparaissent en fonction des dynamiques sociales – un miroir des processus à l’œuvre dans la culture humaine. De plus, la capacité de l’IA à identifier des animaux individuels par leurs vocalisations est un outil puissant pour la surveillance non invasive des populations et les études comportementales, cruciales pour la conservation.

Concernant les primates, l’IA joue également un rôle croissant dans l’analyse de leurs vocalisations. Des recherches sont en cours pour comprendre leurs schémas vocaux complexes, comme chez les mésanges japonaises qui combinent des cris significatifs selon un ordre précis, ou les singes de Campbell qui ajoutent un suffixe à leurs cris d’alarme pour en moduler l’urgence.

D. Au-delà du Sauvage : Comprendre Nos Animaux de Compagnie et d’Autres Créatures

L’IA ne se limite pas à la faune sauvage ; elle commence aussi à éclairer notre compréhension des animaux qui partagent notre quotidien. Une étude a démontré la capacité de GPT-4 à détecter avec une précision significative (76,7 % après affinements) les émotions (joie, tristesse, colère) chez les chiens à partir de simples photographies. Cela ouvre des perspectives pour améliorer le lien homme-animal et le bien-être de nos compagnons. L’application de l’IA à la compréhension des émotions des animaux domestiques pourrait révolutionner les soins aux animaux, les diagnostics vétérinaires et le dressage, en passant d’interprétations humaines subjectives à des évaluations plus objectives du bien-être.

Par ailleurs, le logiciel DeepSqueak utilise l’apprentissage profond pour analyser les vocalisations ultrasoniques (USV) des rongeurs. Initialement conçu pour les souris et les rats, il aide à comprendre leurs états émotionnels (stress, plaisir) et leurs contextes sociaux (chants de cour). Son application a même été étendue à d’autres espèces comme les lémuriens et les baleines. Des outils comme DeepSqueak démocratisent l’analyse bioacoustique sophistiquée, permettant à un plus large éventail de chercheurs (même les « non-experts ») d’intégrer des données de vocalisation dans leurs études, accélérant potentiellement les découvertes dans divers domaines.

Les Pionniers : Rencontre avec les Scientifiques et les Projets en Première Ligne

Derrière ces avancées se trouvent des équipes dévouées et des projets ambitieux. Le Project CETI, dirigé par le scientifique David Gruber, est une initiative interdisciplinaire axée sur les cachalots, combinant IA, apprentissage automatique et robotique.1 L’Earth Species Project (ESP) est une organisation à but non lucratif qui utilise l’IA, notamment son modèle NatureLM-audio, pour décoder la communication d’espèces variées (corbeaux, bélugas, éléphants, diamants mandarins) dans un but de conservation et de compréhension approfondie.3 Google n’est pas en reste avec son projet DolphinGemma, en collaboration avec le Wild Dolphin Project et Georgia Tech. D’autres outils et plateformes jouent un rôle clé, comme Wildlife Acoustics, qui fournit du matériel et des logiciels de surveillance bioacoustique, et DeepSqueak, le logiciel d’analyse des USV.

Le domaine se caractérise par un mélange de grands projets interdisciplinaires bien financés et de recherches universitaires ou de développements d’outils plus spécifiques, indiquant une approche multiple pour relever ce défi complexe. La collaboration est également un élément central, de nombreux projets soulignant des partenariats étendus, ce qui met en évidence le besoin d’expertises diverses allant de l’IA à la biologie, en passant par la linguistique, l’ingénierie et l’éthique.1

Le tableau suivant offre un aperçu rapide des principaux acteurs :

Tableau : Principaux Projets d’IA en Communication Animale en un Coup d’Œil

Projet/OutilEspèce(s) Cible(s) Principale(s)Approche IA DistinctiveActualité Récente (2024-2025)Sources Clés
Project CETICachalotsApprentissage automatique avancé, Robotique, Réseaux d’hydrophonesProposition d’un « alphabet phonétique » & « voyelles » du cachalot (Mai 2024, Avril 2025)1, S10, S19, S29, S30, S39
Earth Species Project (ESP)Diverses (Corbeaux, Baleines, Éléphants, Pinsons)NatureLM-audio (LLM pour la bioacoustique)Obtention d’un financement de 17M$ (2025) ; publication NatureLM-audio (ICLR 2025)3, S11, S12, S17, S18, S31, S32
Google (DolphinGemma)Dauphins tachetés de l’AtlantiqueLLM DolphinGemma, tokenizer SoundStream, IA embarquéeAnnonce du modèle DolphinGemma pour décoder les vocalisations des dauphins (Avril 2025)S20, S33, S34
DeepSqueak (Logiciel)Rongeurs (initialement), Lémuriens, BaleinesApprentissage profond pour l’analyse des USVLargement adopté ; étendu à de nouvelles espèces ; outil de recherche continu (2019-2025)S7, S20, S25, S27, S28, S44, 4
Wildlife Acoustics (Entreprise)Diverses (à l’échelle de l’écosystème)Enregistreurs bioacoustiques & logiciels d’analyseFournit des outils pour de nombreux projets de recherche ; avancées technologiques continues (2024)S3, S7, S25, S44, 4
Étude chants d’oiseaux Univ. OxfordMésanges charbonnières (oiseaux)IA pour reconnaissance individuelle & suivi évolutif des chantsPublication d’une étude révélant les dynamiques culturelles du chant des oiseaux (Mars 2025)S21, S22
Recherche noms éléphants (M. Pardo)Éléphants d’AfriqueApprentissage automatique pour distinction des appelsRecherche sur les appels « nominatifs » mise en avant (rapport UNESCO Avril 2025, terrain 2023-24)S4, S23, 2
IA émotions animaux (étude GPT-4)Chiens (principalement)IA générative (GPT-4) pour détection d’émotions via imagesÉtude montrant une haute précision pour la détection des émotions canines (recherche fin 2024/début 2025)S26, S36

Pourquoi Écouter? L’Incroyable Potentiel de la Compréhension du Langage Animal

Les motivations derrière cette quête sont multiples et porteuses d’espoirs immenses. La conservation est l’un des principaux moteurs. Comprendre la communication animale peut aider à surveiller la biodiversité, à détecter les menaces environnementales (par exemple, l’impact du bruit des navires sur les baleines), à identifier les habitats essentiels et à développer des stratégies de conservation ciblées.3 Par exemple, l’IA est utilisée pour analyser les appels des bélugas afin de les protéger du trafic maritime, ou encore pour étudier le répertoire vocal du corbeau hawaïen en vue de sa réintroduction.3 La capacité d’« écouter » les écosystèmes grâce à la bioacoustique assistée par IA offre un puissant outil de diagnostic non invasif pour la santé planétaire ; les changements dans le « paysage sonore » peuvent être des indicateurs précoces de stress ou de rétablissement environnemental.

Le bien-être animal, tant pour les espèces sauvages que captives, est une autre préoccupation majeure. L’IA peut aider à détecter le stress, la maladie ou à discerner les états émotionnels, conduisant à de meilleurs soins.4 Des outils comme DeepSqueak surveillent les indicateurs de stress, et l’Interaction Animal-Ordinateur (ACI) permet aux animaux d’avoir plus de contrôle sur leur environnement.

Au-delà des applications pratiques, il y a une volonté de renforcer notre lien avec la nature. Révéler la complexité cognitive et sociale des autres espèces peut favoriser l’empathie et un nouveau respect, faisant évoluer la perception humaine de « dominateur » à « gardien » de la planète. Cette motivation n’est pas purement utilitaire mais découle aussi d’une curiosité humaine profonde et d’un désir de renouer avec le monde naturel.

Enfin, la découverte scientifique fondamentale est en jeu : percer les mystères de l’évolution du langage, de la cognition animale et de la diversité de la vie elle-même. Une compréhension plus fine de la communication animale pourrait fondamentalement modifier les cadres juridiques et éthiques concernant les animaux, menant potentiellement à des protections renforcées et même à de nouvelles formes de statut juridique ou de droits.

Perdu dans la Traduction? Les Obstacles et les Dédales Éthiques

Malgré l’enthousiasme, le chemin vers une compréhension véritable est semé d’embûches et de questions éthiques complexes. Un débat scientifique majeur persiste : décodons-nous des systèmes de communication complexes ou un véritable « langage » doté de syntaxe, de sémantique et de concepts abstraits?.2 De nombreux scientifiques restent prudents. Michael Pardo souligne que la communication englobe tout comportement transmettant une information, tandis que le langage est un système spécialisé permettant d’exprimer intentionnellement presque n’importe quel concept.

Les limites des données constituent un autre obstacle. L’IA peut trouver des motifs, mais comprendre la signification et l’intention derrière ces motifs est un saut énorme.2 Il existe un besoin criant d’ensembles de données massifs, de haute qualité et contextualisés, qui font encore défaut pour de nombreuses espèces.2 L’acte même d’essayer de « traduire » la communication animale dans des cadres linguistiques humains pourrait être intrinsèquement anthropocentrique et passer à côté de la véritable nature de leur communication, qui pourrait opérer selon des principes entièrement différents.

Actuellement, les efforts se concentrent principalement sur la compréhension des animaux par les humains. Un véritable dialogue bidirectionnel relève encore de la science-fiction. Les dilemmes éthiques sont nombreux :

  • Vie privée et consentement : Les animaux ont-ils un droit à la vie privée? Peuvent-ils consentir à ce que leur « langage » soit décodé?.
  • Mauvais usage et manipulation : Le savoir acquis pourrait être utilisé pour exploiter ou nuire aux animaux (divertissement, braconnage, comportements forcés).
  • Impact des signaux synthétiques : Les appels animaux générés par l’IA (pour des expériences ou des tentatives de communication) pourraient perturber les comportements naturels s’ils ne sont pas utilisés avec une extrême prudence.
  • Autonomie et « droit de ne pas parler » : La technologie pourrait-elle contraindre les animaux à communiquer contre leur gré?.
  • Responsabilité scientifique : La nécessité de faire preuve de prudence, en privilégiant le bien-être animal au « frisson de la découverte », et en appliquant le cadre des « 3R » (Remplacer, Réduire, Raffiner).

Heureusement, les discussions éthiques mûrissent parallèlement à la technologie. Un effort proactif est en cours pour établir des lignes directrices éthiques avant que des avancées majeures n’entraînent des conséquences négatives involontaires. Cette prévoyance est cruciale. Enfin, le « coût de la science » est un facteur important. Bien que l’IA puisse rendre certaines étapes de la recherche moins chères, le développement de modèles d’IA à grande échelle et le travail de terrain intensif nécessitent toujours des ressources considérables, ce qui pourrait créer un fossé en termes d’accès, notamment pour les chercheurs des pays du Sud.

L’Avenir Appelle : Quelle Suite pour l’IA Interespèces?

Que nous réserve l’avenir proche? Les experts prévoient une croissance exponentielle de la collecte de données grâce à des capteurs plus abordables et sophistiqués (comme l’AudioMoth, les balises intelligentes). Les modèles d’IA deviendront encore plus puissants et nuancés dans l’analyse de la communication animale. De plus en plus d’espèces seront étudiées à mesure que les outils deviendront plus généralisables ; l’Earth Species Project, par exemple, s’attend à des avancées significatives d’ici 2030.

Le rêve ultime reste de dépasser le décodage unidirectionnel pour parvenir à une forme d’interaction bidirectionnelle validée et significative, même si ce n’est pas une « conversation » au sens humain du terme. Le « Saint Graal » n’est pas seulement un traducteur universel, mais l’atteinte d’un niveau de compréhension permettant un échange d’informations interespèces vérifiable, qui pourrait être testé par des expériences interactives.1 À mesure que l’IA décodera davantage la communication animale, elle nous forcera inévitablement à affronter des questions philosophiques plus profondes sur la conscience, la sentience et la définition de l’« intelligence » à travers les espèces.

Conclusion : Un Nouveau Chapitre dans Notre Relation avec la Vie sur Terre?

Nous vivons une époque d’excitation immense et de progrès fulgurants dans la recherche sur la communication animale assistée par l’IA, comme en témoignent les avancées de 2024 et 2025. Le potentiel pour la conservation, le bien-être animal et une relation homme-nature transformée est profond. Cependant, ce pouvoir s’accompagne de défis importants et de responsabilités éthiques incontournables.

Ce domaine ne concerne pas seulement la réussite technologique ; il s’agit d’un changement fondamental de perspective humaine – passer d’un monologue avec la nature à un dialogue potentiel, aussi rudimentaire soit-il. Nous sommes sur le point de pouvoir comprendre la myriade de voix de notre planète d’une manière qui relevait autrefois du mythe et de l’imagination. Ce que nous ferons de cette nouvelle compréhension définira le prochain chapitre de notre relation avec toute la vie sur Terre. Le développement et l’application responsables de ces technologies d’IA seront un test critique de la sagesse et de la gérance de l’humanité, car le pouvoir de comprendre pourrait facilement devenir le pouvoir de contrôler ou d’exploiter s’il n’est pas guidé par des principes éthiques solides.

Sources des citations

  1. Project CETI •– Home, consulté le mai 12, 2025, https://www.projectceti.org/
  2. Do you speak animal? – The UNESCO Courier, consulté le mai 12, 2025, https://courier.unesco.org/en/articles/do-you-speak-animal
  3. Earth Species Project, consulté le mai 12, 2025, https://www.earthspecies.org/
  4. Pardon My Woof: Will AI Help Humans Talk to Animals? – Ambiq, consulté le mai 12, 2025, https://ambiq.com/blog/will-ai-help-humans-talk-to-animals/

Machine Learning-Based Sensor Data Fusion for Animal Monitoring …, consulté le mai 12, 2025, https://www.mdpi.com/1424-8220/23/12/5732

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